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fer poli comme de l’acier ; des groupes de soldats en uniforme et l’arme au bras apparaissent en relief sur le fond gris des pierres. Nous voilà dans une place d’armes ; mais tout chante et tout rit autour de nous, et l’on sent bien que la guerre et ses horreurs ne menacent pas ces fortifications formidables.

Après les avoir passées, la ville apparaît gracieuse comme une nymphe qui sort des eaux, au bord de ce beau fleuve, sillonné de navires et qui va se jeter à la mer à quelques lieues de là. La Porte de France, une sorte d’arc monumental soutenu par quatre colonnes, est la principale entrée de Bayonne. Cette porte s’élève au débouché du pont qui relie la petite ville de Saint-Esprit à Bayonne ; des corps-de-garde, crénelés dans le même style que les fortifications, défendent l’entrée de pont. Saint-Esprit est, pour ainsi dire, le faubourg de Bayonne ; c’est une ancienne colonie juive d’origine espagnole. En 1495, un édit de Ferdinand et d’Isabelle expulsa les Juifs de l’Espagne entière ; ils se réfugièrent alors en Portugal, mais, contraints bientôt de s’en éloigner, ils passèrent les Pyrénées vers l’année 1500. À peine les toléra-t-on sur le territoire français, où ces débris d’une grande race traînèrent, comme sur toute la terre, une vie d’humiliations et de sacrifices. Par-