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combré. Après avoir franchi la porte de France qui le domine du côté de Bayonne, on laisse à gauche la ville vieille, d’où descend la Nive, rivière qui se jette dans l’Adour, près du pont Majon. Là est le port où sont amarrés, sur trois ou quatre de front, les lougres, les biscayennes, les polacres, les flambarts, les chasse-marée, les bricks, les goëlettes et les trois-mâts du commerce bayonnais et de tout le golfe de Gascogne. Rien ne me plonge dans une rêverie agitée comme un amas de vaisseaux : les uns arrivent, les autres partent. Je voudrais connaître les aventures de ceux qui reviennent et m’élancer avec les autres vers les pays lointains. J’aime à causer avec les matelots, voire avec les mousses, et à ressaisir leurs pérégrinations dans les lambeaux de leurs souvenirs.

La file des navires s’étend sur l’Adour, élargi par la Nive, le long du Quai de la Douane, de la grille de la Place d’Armes et d’une partie des belles allées marines dont je reparlerai. De ce côté est la ville neuve avec ses monuments entourés de galeries en arceaux : le théâtre, l’hôtel de la Douane et la sous-préfecture se trouvent là réunis ; puis vient la place Grammont (le nom des Grammont est partout dans le Béarn). C’est sur cette place et sur la Place d’Armes, entourées de cafés où l’on boit, où