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l’on chante, que se pressent le dimanche les promeneurs bayonnais.

Au moment de notre arrivée tout est en fête sur ces deux places, la musique de plusieurs régiments exécute des symphonies ; les officiers de la garnison et les bourgeois de la ville se promènent donnant le bras à des femmes élégances. Les Espagnols et les Basques passent dans leurs costumes nationaux ; de beaux enfants s’ébattent en riant ; les grisettes pimpantes s’avancent par groupes avec leur robe de couleur claire, leur petit fichu en soie ou en dentelle croisé sur le sein et leur coiffure provoquante et coquette qui se compose d’un autre fichu rose, bleu ou pourpre formant une sorte de petite calotte plissée qui recouvre à peine le chignon et dont les deux bouts noués flottent sur l’oreille gauche ; les courts cheveux frisés de la nuque sont à découvert ; le cou s’élance tantôt comme une colonne d’albâtre, tantôt comme une colonne de bronze florentin agitant les pendeloques d’or ou les poires de corail espagnol. Elles rient aux éclats, les jolies grisettes ! les unes pour montrer leurs dents perlées, les autres sans songer à rien qu’à épancher leur gaîté naturelle. Du reste, dans cette belle ville méridionale la gaîté est dans l’air, dans le ciel bleu et chaud, dans les navires pavoisés ; dans les chants et les danses castillanes