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clocher est resté inachevé, il est lourd et trapu ; je monte au haut de la galerie qui le domine, et une vue admirable s’étend autour de moi : au midi, c’est la chaîne occidentale des Pyrénées d’où s’élance dans le ciel bleu le pic de la Rhune ; la route d’Espagne, qui se fend bientôt en deux branches, dont une, la route de Biarritz, se déroule dans la même direction ; à l’orient circule au sein de la campagne basque le double cours de la Nive et de l’Adour qui viennent mêler leurs eaux sous les murs de Bayonne ; à l’occident, les longues Allées marines se déploient dans le sens de l’embouchure du fleuve ; on découvre au loin les dunes de la mer ; le phare, du côté de Biarritz, les toits du village de Boucan, où les navires qui partent de Bayonne vont attendre que le vent leur soit favorable et que la fameuse barre du golfe de Gascogne leur livre passage. C’est au village de Boucan que commencent les merveilleuses jetées qui conduisent l’Adour à la mer. Ces travaux gigantesques furent commencés au seizième siècle ; Vauban les continua et l’on y a travaillé jusqu’à nos jours ; mais quoiqu’on ait pu faire on n’est point parvenu à maîtriser cette barre redoutable que forment à l’embouchure de l’Adour les montagnes de sable amoncelées par l’Océan.

Le cours précipité du fleuve ne peut franchir cette