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anglaises ; le bâtard Dunois et les lances de Charles VII, puis Bassompierre, puis le beau Murat, Junot, Moncey, Soult et Wellington, puis, antithèse des héros de l’Empire, le duc d’Angoulême escorté de soldats railleurs.

Tandis que ces fantômes se dressent autour de moi, la voiture court rapide sur cette route plane qui traverse la vallée de l’Adour ; derrière deux rideau de peupliers, j’entrevois, de chaque côté, de riantes métairies, de belles villas et de vastes jardins ; bientôt, vers la moitié de notre course, nous laissons à droite la route d’Espagne, et nous entrons dans celle de Biarritz ; ici, plus de vertes cultures, plus de maisons de campagne, plus de parterres fleuris : on sent l’approche de la mer qui répand dans l’air des saveurs marines ; le crépuscule étend ses pâles lueurs, et le phare allumé devant nous annonce le rivage voisin. Le chemin que nous suivons est large et ferme ; mais il y a trente ans que ce n’était qu’un sentier à peine frayé dans le sable et où nulle voiture suspendue ne se serait aventurée. En ce temps, quelques curieux et quelques rares baigneurs seulement allaient voir la lame se briser sur le roc de Biarritz.

Biarritz est un vieux village qui date du xie siècle ; des harponneurs basques poursuivirent des baleines