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bain de l’impératrice, et plus loin la calme villa Eugénie, cet Osborne français.

Toutes les fenêtres de la villa Eugénie étaient éclairées et rayonnaient sur le fond du ciel et de la mer quand la voiture qui me conduisait tourna au bord de la grille impériale qui s’avance jusqu’à la route.

C’est l’heure de la promenade du soir ; une foule d’équipages se croisent sur ce chemin de sable qui domine la mer. Dans une calèche découverte passent le comte et la comtesse de Morny ; dans une autre, l’ambassadeur de Prusse et sa fille ; dans une troisième, le comte Walewski, sa femme et leurs enfants ; dans une quatrième, les princesses Vogoridès et Galitzine. Ces dames sont parées comme pour une promenade au bois de Boulogne ; seulement elles portent toutes le charmant chapeau si seyant aux ailes retroussées du règne de Louis XIII. Sur ces chapeaux en paille d’Italie ou en paille anglaise bordés de velours noir ou de couleur, flottent de longues plumes que la brise de la mer fait onduler en tous sens. À mesure que j’approche, la petite cité m’apparaît toute illuminée, joyeuse et bruyante ; ma voiture s’arrête devant l’Hôtel de France ; sur l’étroite place où il est situé se presse une foule compacte riant, criant, gesticulant, chantant et gambadant ; ce sont des boutiques, en plein vent, de jouets d’enfants,