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je m’endors doublement bercée par ses mugissements et par les rumeurs de la foule qui continue ses ébats sur la plage et dans les rues voisines.

Le lendemain c’est encore par la voix de la mer que je suis éveillée ; je me lève fort tard, car ma blessure, toujours ouverte, me fait beaucoup souffrir. À peine installée à l’hôtel de France, je reçois la visite de l’aimable princesse Vogoridès, qui me propose pour un des jours suivants, quand je serai moins lasse et que j’aurai bien vu Biarritz, une excursion à la frontière d’Espagne ; j’accepte de grand cœur et je reconduis jusqu’à la plage la princesse qui va prendre son bain.

Hélas ! il m’est interdit de me plonger dans ces vagues caressantes et tièdes où il me semble que je me serais ranimée ; ma poitrine est trop faible encore ! je pense tristement aux belles années où je me précipitais sans crainte dans les flots bleus de la Méditerranée. J’embrasse ardemment du regard cet Océan, que je ne puis étreindre en réalité. Les vagues sont toutes phosphorescentes sous les feux du soleil intense qui s’y répercute ; il fait une chaleur vraiment tropicale, le ciel est d’un bleu profond et uniforme ; j’ai devant moi la mer immense toute éclairée des plus belles lueurs ; pas une voile, pas une barque de pêcheur n’apparaissent sur son étendue ;