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tre de ces pins vivaces qui ont si vite couvert les dunes d’Arcachon. Le sol nu, le ciel sans nuages et la mer sans navires lui servent de cadre. Cela a sa grandeur et son charme ; après les ombrages humides de Saint-Cloud, de Fontainebleau et de Compiègne, il est bon de s’inonder sans une ombre intermédiaire de cet air brûlant et de ces masses d’eau saline où le soleil se répercute. Toutes les fenêtres de la villa Eugénie vues ainsi en plein midi ressemblent à des cascades de diamants. C’est d’un éblouissement à faire baisser les paupières. Le soir, l’éclairage intérieur change en lueurs pourpres les flammes cristallines et bleuâtres du jour. Tant de clartés rayonnent à toute heure sur cette résidence que quelques-uns l’ont surnommé : Le château de lumière.

Après avoir tourné la villa Eugénie, je me dirige, précédée d’un guide, à travers les sentiers difficiles qui conduisent au pied du cap Saint-Martin dont la pointe s’avance dans la mer. C’est là que se trouve la fameuse Grotte ou Chambre d’amour ; la marée montante s’y engouffre et la laisse à sec en se retirant, le travail incessant des vagues a creusé dans le roc des arches sombres et de bizarres pendentifs ; la mousse marine s’empreint aux parois humides et le plancher de la Chambre d’amour est couvert d’un lit de galets. Durant les heures brûlantes, les pâtres basques