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affaires, ou plutôt leur sont subordonnées ; où l’on dit brutalement et grossièrement à la femme, qui, elle, ne mesure jamais son dévouement et sa tendresse : « Halte là, ma chère, vous pourriez gêner ma vie ! »

Ce qui a fait le grand succès de ce livre, c’est son héros ; les femmes sentent en lui un cœur qui ne se marchande pas. Les autres caractères du roman importent peu ; la figure qui domine, c’est Roger ; le roman aurait dû porter son nom. La seule chose qui me gâte ce livre, c’est sa préface. Quand on a de ces grands incendies dans le cœur, comment songe-t-on au feu de cheminée de la critique ?

Après cette lecture qui avait remplacé ma sieste, je me levai au soleil couchant ; je fis une toilette parisienne et me réunis à quelques personnes pour parcourir Biarritz. Nous descendîmes la grande rue qui commençait à s’éclairer ; la foule était moins pressée et le mouvement moins vif que la veille. Ce n’étaient que baigneuses et baigneurs élégants se saluant ou échangeant en passant quelques paroles. On faisait halte tour à tour soit au Café de Madrid où une gracieuse femme vous sert du chocolat et des sorbets exquis ; soit au bazar turc dont la porte en forme de minaret était illuminée par des guirlandes de lanternes chinoises.