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Ce bazar semble gardé par deux femmes, l’une turque et l’autre persane, revêtues de leurs splendides costumes orientaux. Ce sont deux statues coloriées grandes comme nature ; Tune venant de Constantinople et l’autre de Téhéran. Leur teint est bistré, leur petite bouche teinte de carmin, leurs grands yeux noirs, aux cils frangés, sont encore allongés par des touches de henné ; sur leur front bas ondulent des cheveux naturels nattés sous un fez orné de pierreries, et sous un voile brodé d’or que fixe à la tête une épingle en filigrane ; des pendeloques s’agitent à leurs jolies oreilles, leurs mains effilées ont des ongles roses et des bagues chatoyantes. On dirait que ces deux figures vivent et pensent ; leur costume est superbe. Chaque objet de ce ruineux ajustement est une tentation pour les femmes de l’Occident ; surtout ces belles vestes flottantes en velours noir ou nacarat brodées d’or et de perles, et ces babouches éclatantes où se cache un pied paresseux. Autour de ces deux belles Orientales qui fument le narguilé d’ambre s’étalent, pressées et resplendissantes, toutes les dépouilles des harems.

C’est à Alger, à Tunis, à Constantinople, à Damas et parfois jusqu’à Téhéran que M. Petit, propriétaire du bazar turc, est allé recueillir les objets charmants et somptueux qui composent le costume