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des femmes de l’Orient. Quelle variété dans ces bijoux en sequins, en pierreries, en émail, en filigranes, en ambre et en pâtes odorantes ! Quelle splendeur dans ces tissus : chemises, pantalons turcs, vestes, mouchoirs, écharpes, voiles, burnous ! Quelle fantaisie dans ces fez, ces turbans, ces pantoufles, ces bourses, ces portefeuilles, ces sacs à tabac, ces boîtes à parfums, ces coffrets à fard tantôt en bois de santal, tantôt en ébène incrustée de nacre et d’argent !

Tout cela garde une odeur étrange et pénétrante, une senteur ambrée de femme esclave qui ne songe qu’à se parer, faire l’amour, fumer et dormir. Les vitrines du bazar turc, à Biarritz, recèlent les brillants vestiges de la mode turque qui disparaît chaque jour envahie par la mode française. Tandis que les femmes orientales nous font des emprunts maladroits, nous leur enlevons, nous-mêmes, leurs plus attrayantes fantaisies de toilette. Il n’est pas une élégante Parisienne qui n’ait adopté pour coin de feu une de ces vestes merveilleuses dont j’ai parlé ; pas une qui, en sortant du bal ou du théâtre, ne se drape comme une statue antique dans un de ces souples burnous aux plis ruisselants. Chaque soir, le bazar turc à Biarritz est un but de promenade où se rencontrent les femmes du grand monde qui donnent