Page:Colet - Les Derniers Marquis - Deux mois aux Pyrénées - 1866.djvu/254

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 240 —

solitude désolée ; à mes pieds, mugit la mer la plus sauvage que j’aie vue de ma vie : à gauche, elle brise avec furie ses grandes lames sur la côte des Basques, ainsi nommée parce que les Basques accourent en troupe une fois par an pour s’y baigner.

C’est vers la fin d’août qu’ils arrivent. Ils descendent joyeux du Labour, de la Soule et de la Basse Navarre ; ils portent tous ce qu’ils appellent le costume de la mer : un pantalon blanc, une veste blanche et, en place du béret, une bizarre coiffure composée de fleurs et de banderolles de rubans. Chaque bande est précédée des instruments de musique du pays : fifre et tambourin, tambours de basques. De leurs montagnes jusqu’à la mer, les Basques font l’école buissonnière ; ils s’arrêtent pour prendre leur repas sur l’herbe et pour y danser après.

Ils allongent ainsi le chemin, mais enfin ils arrivent de toutes parts, on entend alors dans Biarritz des instruments, des chants et des cris sauvages. Les voilà ! ce sont eux ! Ils débouchent par tous les chemins sur les places et dans les rues. Bientôt ils se réunissent par groupes, et le mouchico, ou saut basque commence ; c’est une danse étrange dont les femmes forment le centre ; elles se meuvent sur un rhythme monotone en pirouettant sur leurs talons. Autour d’elles, les hommes sont rangés en cercle et