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théâtre de Bordeaux ? Elle me répondit avec simplicité : « J’ai deux cents francs par mois pour vivre et faire vivre mon père et ma mère dont je ne veux jamais me séparer ; pour le loyer, les costumes, les fleurs, les fards et quelques bijoux faux, indispensables. Je ne me plains pas ; j’ai eu moins autrefois. »

Tandis qu’elle parlait, je faisais tout bas l’addition de ses dépenses et j’admirai sa sereine résignation.

Tout à coup elle vit passer son directeur et me dit :

— Je vais lui demander des billets pour vous, il faut que vous nous voyiez jouer ce soir. Aussitôt qu’elle m’eût nommée, le directeur mit à ma disposition une loge de la jolie salle de spectacle du Casino.

Insensiblement les acteurs s’éloignèrent de la terrasse pour aller faire leur toilette, et j’y restai seule, regardant sur la mer le sillage lumineux des étoiles.

Je dus à mon tour aller mettre une robe plus élégante et échanger mon chapeau rond contre un autre. On annonçait une brillante représentation, l’Empereur et l’Impératrice avaient promis d’y assister. La jolie salle du Casino est un carré long ayant deux galeries parallèles soutenues par de sveltes colonnes en fer creux ; tous les sièges de forme élégante du parterre, des loges et des deux galeries