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ger au départ. En repassant le long du champ de maïs, nous vîmes une vieille femme qui formait des tas de ces grappes blondes, serrées et dures dont un paysan décapitait les hauts roseaux verts ; cette femme semblait toucher à l’extrême vieillesse ; son corps était encore droit, mais des rides innombrables sillonnaient son front, son coi et ses mains ; ses yeux noirs brillaient expressifs, mais une seul dent restait dans sa bouche qui souriait en ce moment en nous jetant un salut.

Nous nous arrêtâmes à la considérer, et à son tour elle nous examina avec curiosité : notre toilette, surtout celle de la princesse, parut la frapper beaucoup ; elle, la pauvre femme, portait une jupe en haillons descendant sur ses jambes nues ; sa poitrine et ses bras étaient couvert d’une grosse chemise de toile assez blanche, sur laquelle se croisait un fichu en cotonnade à carreaux jaunes et marrons ; un fichu semblable noué sur le côté de la tête emprisonnait ses cheveux grisonnants. La princesse désira savoir l’âge de la vieille paysanne et je parvins à me faire comprendre d’elle, comme je m’étais fait entendre des marchands de fruits, au moyen d’un mélange de patois languedocien et d’italien ; elle se redressa à ma question ; et avec un regard qui dardait des flammes, elle répondit : Qua-