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Nous ne fîmes qu’une très-courte halte à Irun, petite ville espagnole sans caractère. Nos deux bateliers, aux vêtements ruisselants d’eau, me faisaient pitié. Je me disais qu’ils pourraient bien gagner la même fièvre qui tua Vélasquez. Arrivés à Béhobie nous remontâmes en voiture. Les chevaux gravirent avec ardeur la route tortueuse qui conduit au plateau de la Croix-des-Bouquets ; là nous fîmes une courte halte pour considérer une dernière fois le magnifique panorama du rivage espagnol : le soleil qui se couchait dans la mer, derrière les gradins onduleux des montagnes, que domine la cime de la Haya, semblait noyer leurs crêtes dans des lueurs d’or, tandis que leur versant, moins éclairé, étalait des masses blanches sur le sombre rouge de l’horizon, et que leur base, déjà envahie par l’obscurité, paraissait noire. C’était d’un effet inouï, qu’un peintre aurait voulu saisir et que j’ai essayé de fixer dans mon souvenir.

La voiture continua à rouler à travers la même route suivie en venant, et que la nuit couvrit bientôt de son voile constellé.

Le lendemain, après avoir embrassé la princesse Vogoridès, je quittai Biarritz et partis pour Bordeaux. La chaleur était extrême, cette longue route en chemin de fer et mon excursion de la veille aux