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frontières d’Espagne avaient envenimé ma blessure. Arrivée à Bordeaux, je dus m’y reposer quelques jours.

Je visitai cette cité monumentale : ses quais merveilleux longeant la forêt de mâts des navires que la Garonne porte à la mer ; son pont monumental, un des plus grands du monde ; sa belle promenade ; les quinconces où les statues de Montesquieu et de Montaigne se regardent ; son Jardin des Plantes entouré d’une grille fleurdelisée ; son musée, sa bibliothèque où je fus reçue avec empressement par le conservateur qui me montra sur un rayon la grande édition de mes poésies. Je contemplai et touchai avec respect un exemplaire des Essais de Montaigne, couvert de notes et de corrections écrites de la main du profond philosophe ; je regardai longtemps, attentive et émue, cette écriture illustre ; j’aurais voulu l’effleurer de mes lèvres. Je fus aussi très-vivement frappée par ce grand débris d’un monument romain nommé le Palais Galien ; avec le fond du ciel azuré qui s’engouffre dans ses arceaux et les arbres échevelés qui les enlacent çà et là, cette ruine est d’un effet merveilleux.

Je visitai tour à tour les nombreuses églises gothiques des vieux quartiers ; elles faisaient passer sous mes yeux toutes les variétés grandioses et char-