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mantes de l’art chrétien au moyen-âge. La tour Saint-Michel me captiva doublement par ses miracles d’architecture et par son caveau funéraire. Cette tour, élevée au xve siècle, a toujours été un des monuments les plus chers au peuple bordelais. Des troubles ayant éclaté à Bordeaux en 1675 à l’occasion des nombreux impôts dont la ville fut grevée, Louis XIV, pour punir les rebelles qui affichaient leurs placards séditieux contre les murs de la tour et sonnaient le tocsin à ses cloches, ordonna que ce monument serait démoli. « Mais, dit la chronique bordelaise, cette pyramide qui est un des plus beaux ouvrages de l’Europe et qui fait l’admiration des étrangers qui abordent par terre et par mer dans cette ville, fut conservée par une providence particulière, en ce que, ayant été faits plusieurs proclamats en l’Hôtel-de-Ville pour la démolition de ce monument, il ne présenta personne qui voulût l’entreprendre. »

La tour Saint-Michel était primitivement surmontée d’une flèche de cinquante mètres de haut que la foudre a détruite. Le caveau en ogives de la tour est éclairé par une lampe qui descend au centre de la voûte et projette des lueurs pâles sur les squelettes d’hommes, de femmes et d’enfants rangés debout autour du mur. Aux pieds de ces squelettes,