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grand seigneur et l’indifférence d’un malade ; je n’ai pas faim.

— Je vous en félicite, car tout est exécrable ; dit le marquis de Serrebrillant ; puis se tournant vers sa femme : Oh ! ma chère, où donc est notre cuisinier ? quel régime nous allons suivre ici, et quel service ! je crois, Dieu me pardonne, que les couverts sont en Ruolz !…

— Monsieur le marquis doit avoir une vaisselle plate héréditaire, dit le riche fabricant de Mulhouse en s’inclinant vers le marquis.

— Mais sans doute ! répondit le marquis Sigismond, avec nos chiffres et nos armes.

Nérine se mêla indirectement à la conversation.

— Avez-vous vu, monsieur, à l’Exposition universelle, dit-elle en s’adressant au magistrat de Pau, les magnifiques surtouts et la vaisselle en Ruolz destinés à la maison de l’Empereur ?

— Oui, madame, c’était somptueux.

— Depuis que le service de table se fait à l’anglaise, reprit Nérine, et qu’à chaque plat, fourchette et couteau sont enlevés, il en faut un nombre si inouï, que l’argent des mines de la Sibérie et l’or des placers de la Californie n’y suffiraient point.

— C’est très-vrai, dirent presque tous les assistants.

— Il est donc indispensable d’opter, ajouta Né-