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rine, entre l’élégance et la propreté du service anglais, seulement possible avec une argenterie Ruolz innombrable, ou l’ancien service français en vaisselle plate restreinte et qui n’admettait pas le changement de couverts.

— Je crois, madame, que la vaisselle de nos ancêtres était préférable à celle de nos parvenus modernes, répliqua le marquis.

— Oui, monsieur, comme objets d’art, les coupes et les aiguières de Benvenuto Cellini, qui figuraient à Fontainebleau sur la table de François Ier, l’emportaient mille fois sur les surtouts modernes, quoique Froment-Meurice ait fait aussi des chefs-d’œuvre en ce genre ; mais les seigneurs de la cour et le roi lui-même mangeaient alors tous les mets avec la même fourchette et souvent dans la même assiette. Avec le service de table à l’anglaise, je me borne à dire que l’argenterie Ruolz est impérieusement imposée, même aux souverains ; je n’en fais pas une question d’art.

À propos de François Ier, continua-t-elle en se tournant vers moi, savez-vous, ma chère, que sa sœur, la belle Marguerite des Marguerites, reine du Béarn, venait ici même de son château de Pau, à dos de mulet, boire les eaux ? Mais alors la source bouillonnante ne s’abritait pas sous l’affreuse bâtisse