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Et Aglaé ; radieuse de l’attention qu’il lui prêtait, joua jusqu’à l’épuisement de ses forces.

Enfin elle se leva comme brisée, et, s’approchant de l’Italien, elle lui dit en se penchant vers lui :

— Aucune de ces trois femmes n’aurait pu vous causer cette émotion ! Oh ! vous ne me connaissez pas ! mais, demain, vous me connaîtrez. Et furtivement elle glissa une lettre dans la main dont il soutenait sa tête affaissée.

L’écolier seul entendit, vit et comprit cette scène, qu’il vint aussitôt nous raconter en riant.

Nérine voulut lui imposer silence, mais j’avoue que je le poussais à nous dire tous les détails.

— Cette lettre est un rendez-vous, j’en suis sûr, poursuivait l’écolier, je saurai l’endroit, je les épierai et je verrai tout.

— Je vous le défends, s’écria Nérine.

— Laissez-le donc faire, dit l’actrice ; cette petite marquise a été assez impertinente envers nous.

— Mais vous poussez cet enfant à l’espionnage, reprit Nérine.

— Bah ! dit le docteur, il ne sort pas pour rien d’un séminaire.

— Voltairien ! murmura Nérine.

— Docteur, je ne suis pas un espion, répliqua l’écolier, mais je me venge, et je venge ces dames ; ma