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cousine n’a de la femme que la forme, c’est un vrai serpent fornicateur.

— Toujours des images bibliques, m’écriai-je, oh ! mon pauvre Adolphe, comme vous sentez la soutane !

— Allons, madame, ménagez-moi ou je ne vous dirai rien de ce que je verrai demain.

Nous nous séparâmes bientôt en convenant avec l’actrice que nous la prendrions le lendemain pour faire une promenade dans une des gorges des montagnes voisines des Eaux-Chaudes. Le docteur ne pouvait nous accompagner, ayant à soigner ses malades. Quant à l’écolier, malgré sa vive attraction pour Nérine, il s’obstina à suivre à la piste sa cousine détestée.

Le lendemain, le ciel était d’une transparence admirable et le soleil splendide s’irradiait sur ce profond azur. Les plus hauts sommets des montagnes se détachaient avec netteté sur le bleu vif de l’éther qui semblait avoir la solidité du saphir ; les versants des monts, les bois, les cultures, les villages, les ravins, tous les détails du paysage apparaissaient en relief. Cette immense sérénité de la nature influe sur les plus tristes et les plus malades ; la pureté extrême de l’atmosphère se dégage pour ainsi dire dans l’âme et le corps, et il est des heures où les mourants et les désespérés ressentent une force et une joie soudaines.