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ainsi dire la lumière si vive du jour et faisaient de la route que nous suivions un défilé sauvage et ténébreux. À peine si une éclaircie du ciel ondoyait au-dessus de nos têtes, là-haut, là-haut, entre les sommets de cette double chaîne de monts.

Bientôt la montagne s’échancra à gauche et nous laissa voir une espèce de petite vallée où serpentait un cours d’eau tranquille bordé d’arbustes et de pelouses ; sur la rive opposée à celle que nous suivions, des rochers d’un aspect moins sombre que ceux du défilé s’échelonnaient en larges gradins, qui formaient comme une succession de terrasses. Ici, c’étaient des assises de marbre blanc, plus loin des pentes perpendiculaires, revêtues d’un gazon touffu, sur lequel se précipitaient de petites sources qui allaient grossir le cours d’eau du vallon. On eût dit un immense manteau de velours vert rayé d’argent. Au-dessus de cette décoration se groupaient les bois de noirs sapins alignant leurs colonnades régulières ; puis des rocs dénudés d’un gris-pâle et blancs au sommet puis le ciel d’un bleu de lapis-lazuli.

Nérine, frappée par la beauté de ce lieu, nous proposa de nous y arrêter, ou plutôt de franchir le cours d’eau et de monter jusqu’au bois de sapins dont l’ombre devait être délicieuse par cette chaude journée. Le guide nous avertit que nous ne pourrions