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arriver à cheval à ce plan de la montagne, et qu’il nous faudrait gravir, pour y parvenir, un petit sentier frayé dans le roc par les bergers. Loin de nous arrêter, la perspective de cette ascension pédestre nous parut très-attrayante ; l’air vif semblait nous prêter des ailes. Le guide nous conduisit à un endroit où le cours d’eau était guéable ; il nous fit mettre pied à terre, et après avoir attaché par la bride nos quatre chevaux au tronc d’un hêtre, il s’élança le premier au milieu des pointes de roc et des gros cailloux qui saillissaient des flots clairs, puis il nous tendit son bras pour atteindre l’autre rive. L’actrice riait beaucoup en posant ses petits pieds délicatement chaussés sur les pierres mouillées ; le bord de nos robes flottait sur la blanche écume ; le montagnard béarnais qui nous guidait avançait d’un pied ferme ; son costume rouge se détachait pittoresquement sur le paysage ; ses cheveux bouclés se jouaient dans l’air ; je m’appuyai sur son poignet raidi ; l’actrice suivait cramponnée à mon épaule et, tenant la main gantée de celle-ci, Nérine, toujours distraite et insoucieuse du péril, s’avançait à son tour ; nous formions ainsi une sorte de chaîne. Parvenues à l’autre rive, nous aperçûmes, après avoir franchi un bouquet de bois nains, le sentier qui grimpait dans la montagne. Le guide nous dit que nous n’avions qu’à monter