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— Justement il me semble entendre des bruits de voix, ajouta Nérine.

Quelques paroles inintelligibles avaient en effet passé dans l’air ; mais les voix montaient du bord du torrent au lieu de descendre de la montagne.

— Ceux qui parlent, repartis-je, sont restés sur la rive à l’abri de quelque bosquet, et nous ne les rencontrerons point là-haut.

— Tant mieux, répliqua Nérine, des promeneurs avec qui il faudrait échanger des paroles banales me gâteraient cette belle solitude.

Nous venions d’arriver sur un plan de la montagne tout couvert de végétation et où le sentier que nous suivions s’encaissait dans la bordure d’argent de deux petits gaves murmurants. Celui de droite prenait sa source juste au-dessus de nos têtes, dans un creux profond du roc ressemblant à une grotte en miniature. Quand nous eûmes passé cette source, nous nous arrêtâmes sur le rocher qui la couvrait d’un dôme ; il était tapissé de capillaires et de lichens. Nous nous assîmes sur ce moelleux divan, contemplant de nouveau la petite vallée où les chevaux continuaient à brouter. À dix pieds de distance au-dessous de nous, sur le bord du gave dont nous dominions la source, nous vîmes quelque chose se mouvoir dans une touffe de fougère. Nérine me dit :