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— Voilà peut-être les cavaliers à qui appartiennent les deux chevaux.

Mais comme elle parlait, une tête s’allongea au-dessus des feuilles dentelées de la fougère, et je reconnus le profil grotesque de l’écolier. Que faisait-il là, tapi, presque immobile et retenant son haleine ? Nérine devina qu’il s’était placé en embuscade pour espionner sa cousine, et dans sa loyauté tranchante elle allait l’appeler. Je la détournai de son dessein en lui faisant comprendre que débusquer l’écolier et nous faire voir était la plus grande humiliation que nous puissions causer à la petite marquise, si en effet elle était venue là pour quelque rendez-vous mystérieux.

— Comme elle est duplice et méchante, elle supposera, ajouta l’actrice, que nous l’avons suivie.

— Eh bien ! alors, dit Nérine, montons bien vite et bien haut jusqu’au bois de sapins pour nous mettre au-dessus du soupçon.

— Malheureusement, lui répondis-je, nos chevaux qui sont là-bas nous accuseront toujours.

— Mais est-ce vraiment la petite marquise que cet écolier espionne ? reprit l’actrice ; n’est-ce pas plutôt vous qu’il a voulu suivre ? poursuivit-elle en s’adressant à Nérine.

— Cela se pourrait bien, répliquai-je en riant, car il est toujours sur ses pas. Laissez-moi faire ; attendez-