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et, sans pouvoir entendre toutes ses paroles, je devinai qu’elles étaient fort tendres à l’éclat des yeux et à l’expression des lèvres. Elle était mise avec une extrême coquetterie qui la rendait attrayante : elle portait une amazone en batiste écrue, dont la queue flottante ondoyait en ce moment sur son bras. Des grecques brodées en soie noire formaient des bordures au bas de la jupe, et par devant remontaient en trois rangs jusqu’au corsage collant qui dessinait à ravir sa taille svelte ; ce corsage était fermé par des boutons d’onyx ; le bras potelé s’agitait dans l’ampleur de la manche ; dans sa main gauche la petite marquise tenait une fine cravache à pomme d’argent oxidé ciselée, dont elle battait l’herbe fleurie, tandis qu’elle tendait l’autre main au malade couché à ses pieds. Sur ses noirs cheveux, disposés en bandeaux et se jouant de chaque côté du cou en une longue boucle, était posé un chapeau rond aux ailes retroussées en paille d’Italie bordé d’un velours noir. Deux longues plumes noires s’enroulaient sur la passe et retombaient par derrière. À la distance d’où nous la regardions la petite marquise était vraiment jolie dans ce costume. Elle avait saisi la main du jeune homme impassible, toujours étendu au pied de l’arbre ; elle lui parlait avec une vivacité croissante et en élevant tellement la voix