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folle tentative de sa cousine pour réveiller en lui l’amour ! L’écolier poursuivit : L’amour ! s’est écrié le bel Italien, en se levant et en s’appuyant plus pâle contre le tronc de l’arbre, l’amour, ce n’est pas le caprice de cette petite marquise ! l’amour, c’est pour moi Milan et ma belle Venise que je veux revoir, je ne donnerai pas le souffle de vie qui me reste à une femme ; je le garde pour mon pays ! Et se soutenant sur mon bras, il m’a dit : Marchons ! je me sens froid. C’est alors que je l’ai aidé à passer le gué et que je l’ai ramené ici ; il a été pris par la fièvre en arrivant et m’a annoncé qu’il quitterait demain les Eaux-Bonnes. Je crois bien qu’il tiendra parole !…

— Gare à votre cœur, mon jeune Adolphe, répondis-je en riant, votre cousine dépitée va reporter sur vous ses coquetteries.

Le lendemain l’Italien ne parut pas au déjeuner, et nous apprîmes que dès l’aube il avait quitté les Eaux-Bonnes en chaise de poste.

Tout le monde remarqua la pâleur de la petite marquise et la contraction de ses traits. Ce départ subit l’avait bouleversée ; sa vanité outragée n’avait pas même les représailles du dédain et de la gaîté qu’elle eût sans doute affectés en face de l’Italien ; il était parti sans regret et insoucieux de la colère d’Aglaé. Sur qui reporter désormais sa coquetterie