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L’écolier résista bravement, ou, s’il feignait de consentir à la suivre, escortée de madame Routier, il quittait tout à coup ces dames au détour d’une allée pour courir à la recherche de Nérine, qui presque toujours le renvoyait en lui faisant brusquement comprendre qu’elle voulait se promener seule.

Alors le pauvre Adolphe se perdait à travers la haute solitude des sapins et y passait la journée pour cueillir des fleurs et des mousses destinées à celle qui refusait de le voir. Cet invariable hommage irritait violemment la petite marquise : elle raillait la laideur d’Adolphe et son effervescence juvénile ; elle ne lui pardonnait point de ne pas avoir tourné vers elle sa craintive convoitise. N’était-elle pas plus jolie et plus jeune que Nérine ? Comment l’écolier pouvait-il soupirer pour cette femme qui aurait pu être sa mère ? Elle en vint à dire à son mari que, comme parent et représentant le tuteur d’Adolphe, il devait veiller sur lui et l’empêcher de former des liaisons dangereuses.

Nérine, que l’écolier ennuyait, trouvait son compte dans l’espèce de sauvegarde que ses nobles parents exerçaient sur lui ; elle en était ainsi débarrassée plus sûrement. Le pauvre enfant, traqué par les Serrebrillant et les Routier, était devenu l’hôte des bois et des grottes ; nous ne l’apercevions plus guère qu’aux