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blissement thermal. Nérine, qui n’aimait pas à se donner en spectacle, n’avait pas voulu monter à cheval dans la Promenade des Anglais qui réunissait à cette heure-là tout ce que les Eaux-Bonnes gardaient encore d’étrangers.

Arrivée sur le roc qui contient la source, je m’élançai sur un des chevaux ; mon amie, encore faible, ne pouvait en faire autant ; l’aide d’un guide qui la mettait en selle lui était toujours nécessaire ; l’écolier s’offrit avec tant d’insistance ; il tendait ses bras autour de la taille de Nérine d’une façon si bouffonne et si suppliante ; ses longues mains osseuses la menaçaient de si près d’une étreinte passionnée ; un feu si incandescent brûlait dans ses yeux louches, que Nérine s’écria avec une sorte de terreur burlesque :

— Oh ! monsieur, ne me touchez pas, une chaise me suffit !

Les bras de l’écolier retombèrent, sa tête s’affaissa et, obéissant machinalement à Nérine, il demanda une chaise.

— Tenez-la ferme, lui dis-je, car le roc est glissant.

Mais, soit que le pauvre Adolphe fût tenté de ressaisir Nérine, soit que l’ébullition du sang lui donnât le vertige, à peine mon amie eut-elle mis le pied sur la chaise qu’il la lâcha.

Mon cheval avait fait quelques pas en avant ; j’en-