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Je regardai la mère en riant. Elle me salua d’un air naïf et charmé, et, à l’issue du déjeuner, elle me demanda ce que je pensais de l’efficacité des eaux. Pouvait-elle espérer qu’elles guériraient sa fille ?

— Elle se nourrit bien mal, répondis-je, au lieu d’une tasse de thé, il faudrait lui donner de la gelée de viande pour la fortifier.

— Oh ! répliqua-t-elle, je la fortifie avec des petits verres de rhum !

En véritable Anglaise, elle ne comprit rien à mon étonnement, que j’exprimai d’abord par un éclat de rire et ensuite par de chaleureuses paroles pour la convaincre de changer ce régime.

Elle devina seulement que je m’intéressais à son enfant.

— Elle vivra, reprit-elle, car je l’ai mise sous la protection du Médiateur, et tout en parlant ainsi elle tira de sa poche un tout petit livre renfermant l’Ancien et le Nouveau Testaments. Prenez ceci ; et gardez-le en souvenir de moi, ajouta-t-elle, et chaque matin mettez-vous en communication avec le Médiateur.

Je la remerciai de son cadeau mystique ; mais, les jours suivants, ses prédications sur les thèmes de l’Évangile et ses tentatives sans trêve pour me convertir au protestantisme, me semblèrent tellement