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tenus dans une jolie résille en perles de corail qu’elle avait rapportée d’Italie.

L’actrice était accourue une des premières et avait dit en nous quittant qu’elle reviendrait le soir.

Toutes ces preuves de sympathie ranimèrent Nérine ; elle me paraissait si bien, que je pensais qu’elle pourrait marcher sans souffrance ; mais quand le premier coup de cloche du dîner se fit entendre et qu’elle se leva de son fauteuil pour descendre, elle poussa un cri douloureux ; sa blessure était à peine refermée ; elle se raidit, et, avec l’aide de mon bras, elle arriva jusqu’au salon ; la petite marquise et madame Routier y étaient déjà : à l’apparition de Nérine, elles s’élancèrent vers la porte et disparurent avec des airs d’Euménides. Nous les entendîmes, dans la galerie de bois, pousser des exclamations. En regardant par une des fenêtres entr’ouvertes, je vis le marquis Sigismond et M. Routier, que sans doute elles avaient avertis, descendre l’escalier et aller parlementer de nouveau devant la cage de verre du père Taverne.

Nérine, qui s’était à demi-étendue sur un canapé, me dit en souriant :

— C’est à n’en plus douter, la guerre est ouverte.

Le second coup de cloche retentit, tous les autres convives entrèrent dans le salon ; la grosse dame