vulgarité. Je souffrais de les voir interrompre selon leur bon plaisir, nos belles heures de solitude.
Antonia me reprochait mes agitations sans trêve et ce qu’elle appelait la fièvre de mon amour ; je lui dis un jour :
— Quittons Paris, où l’on s’occupe trop de nous ; déjà on parle de notre liaison, bientôt tout le monde la connaîtra, et les petits journaux en feront le récit pour divertir les oisifs ; ne livrons pas nos cœurs en pâture aux badauds. La campagne est pleine d’attraits et les grands bois sont superbes par ces jours d’automne, partons ; choisis toi-même la solitude où nous irons nous cacher.
Elle me répondit avec une franche cordialité, en m’embrassant, que j’avais là une heureuse idée et qu’il fallait la mettre en pratique dès le lendemain.
Élevée à la campagne, elle a toujours eu l’amour des champs, elle s’y identifie, s’en inspire et en devient plus grande et meilleure.
Il fut décidé que nous irions sans tarder nous établir à Fontainebleau. Nous fîmes rapidement nos préparatifs, et, sans prévenir personne, nous nous échappâmes de Paris comme deux joyeux écoliers.
Une voiture de louage nous conduisit jusqu’à l’entrée de la forêt ; nous nous arrêtâmes devant la maison d’un garde-chasse, où nous louâmes une chambre très-propre dont de grands arbres ombrageaient la fenêtre. L’air vivifiant, la bonne odeur des bois, les aspects variés des masses de feuillages aux tons divers, nous