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Page:Colet - Lui, 1880.djvu/388

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franchise de l’adieu rayonne du moins sur le souvenir. Nous nous reverrons, mais en amis, jamais plus en amants qui espèrent.

— C’est vrai, il le faut, vous le sentez bien vous-même, murmurai-je.

— Oh ! ne me faites pas juge de votre décision ! Vous vous y êtes arrêtée sans songer à moi ! Si votre cœur avait été vide d’un autre amour, une voix s’y serait élevée pour me plaindre ! cette voix s’est tue ! Je n’espère rien, rien que la seconde place ; celle dont on ne veut pas quand on aime ; la place qui humilie, la place qui rend forcené si elle ne rend ridicule, la place qui attire les quolibets sur un mari…

— Mais jamais sur un frère ni sur un ami, interrompis-je vivement.

Il resta silencieux quelques minutes, puis il reprit d’un ton plus calme :

— Vous avez raison, par votre sincérité loyale vous avez tué mon ressentiment, et quand je penserai à vous, ce sera toujours avec douceur. Je suis résigné à ce que vous voulez ; mais, à votre tour, contentez donc sans peur les désirs d’enfant d’un cœur malade ; vous savez, votre fils vous dit souvent : « Promets-moi quelque chose que je ne veux pas te dire ; » et vous promettez, confiante dans sa candeur. — Eh bien, soyez confiante aussi dans mon respect.

Je lui tendis la main :

— Parlez, cher Albert, je suis prête à faire ce que vous souhaitez.