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Mon fils fut frappé de ma pâleur ; mon émotion avait été plus forte que je ne me l’avouais

XXV

Je compris à la joie d’Albert l’imprudence que j’avais faite ; il arriva chez moi le lendemain, et me dit, radieux :

— Oh ! chère Stéphanie, quels vers charmants !

— Ne les louez pas trop, lui dis-je en souriant, et n’allez pas faire ce que font les pères en parlant de leurs enfants difformes. Sans vous, Albert, je n’aurais jamais fait un vers de ma vie ; ils procèdent donc de vous, mes deux pauvres sonnets, mais ils n’en sont pas dignes.

— Laissez-moi être heureux du moins du sentiment qu’ils révèlent et qui vient bien de vous !

— Je savais par René que vous alliez partir, et j’ai voulu, répliquai-je, vous faire ainsi un adieu un peu tendre.

— Je veux croire qu’il était senti, poursuivit-il ; un poëte a dit quelque part :


L’adieu fait aimer le retour.


Oh ! comme je vais revenir joyeux de mon court voyage !