Page:Collectif (famille Chauviteau) - 1797-1817 Lettres de famille retrouvées en 1897, 1897.djvu/224

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y renoncer, l’abbé Bastide, vicaire à la Madeleine, lui apporta presque tous les quinze jours la sainte communion. Avec quel respect et quel empressement elle présidait aux pieux préparatifs, et quelle joie on lui procurait en lui lisant les prières de l’Église, ces prières qu’elle savait toutes presque par cœur et qu’elle disait avec tant de foi et d’amour ! Quelle édification c’était pour nous de les lui entendre dire souvent en latin, d’autres fois en espagnol ou en français. Les Épîtres et les Évangiles, l’Imitation de Jésus-Christ étaient ses lectures préférées ; elle les avait comme gravées dans sa mémoire.

La prière lui devenait de plus en plus habituelle, et de même qu’elle l’interrompait pour être toute aux siens dès que l’on arrivait, elle la reprenait de suite dès qu’elle était seule. Que de chapelets elle disait ainsi, jusque dans ses promenades en voiture ! On peut dire qu’elle était généreuse de prières comme elle l’était en toutes choses ; c’était comme une aumône de son cœur qu’elle faisait largement à tous.

Un des derniers étés passés à Versailles, ses enfants voulurent lui procurer le plaisir de parcourir le parc de Trianon dans une petite voiture roulante ; on lui demandait au retour si elle avait été contente de sa promenade : « Mes enfants, dit-elle, je ne cherchais pas à voir ; tout le temps je disais des Pater et des Ave pour le pauvre roi et pour la pauvre reine » ; et ses yeux étaient pleins de larmes !

L’exclamation chère aux Espagnols : Jesus ! Dios mio ! lui était familière ; mais elle la disait avec un tel accent de foi, que c’était une prière et que l’on ne pouvait l’entendre avec indifférence ; elle avait aussi une manière de faire le signe de la croix qui était un enseignement. Tous ceux de ses petits-enfants qui ont eu le bonheur de la voir assister à leur première communion n’oublieront pas la ferveur avec laquelle elle priait pour eux, ainsi que la bénédiction si chrétienne qu’elle leur donnait, en commençant par réciter le Veni Creator en latin avec une simplicité toute solennelle.

Quels souvenirs elle a laissés pour nous à chacune des chapelles de Saint-Roch ; cette chapelle de la Vierge, où elle entendait habituellement la messe et faisait si souvent la sainte Commu-