Page:Collectif (famille Chauviteau) - 1797-1817 Lettres de famille retrouvées en 1897, 1897.djvu/226

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grimace que nous connaissions et qui suffisait pour imposer silence.

C’est cette bienveillance unie à l’agrément de son esprit qui lui conserva les relations charmantes qu’elle eut avec des personnes fort distinguées, qui se faisaient un plaisir de passer leur soirée avec elle ; sans parler d’Hermet, qui était son fidèle compagnon de causerie, la société espagnole lui procura les plus agréables intimités entre lesquelles il faut rappeler M. Escovédo,. aimable aveugle conduit par sa nièce ; M. Montilla, ce causeur infatigable et charmant. Quelques Français étaient aussi les aimables habitués de ses soirées.

Mamita eut le bonheur de former plusieurs de ces amitiés de choix, auxquelles elle fut aussi dévouée que fidèle : ce fut d’abord Mme Breuille, avec laquelle elle se lia intimement presque à son arrivée en France, et dont toute la nombreuse et charmante famille devait rester bien unie à la nôtre ; Mme Arcos, cette Chabellita si belle et si gracieuse, et si bonne amie ; Chumba, Mme Cardenas, qui fit plusieurs séjours prolongés à Paris ; Mme de Mora, type de grâce et de sainteté, cœur si tendre et si aimant ; sa cousine Lola, la belle Mme Alfonso de Aldamah, bien plus jeune que Bonne-Maman, mais qui lui fut toujours si fidèle amie.

Certes nous ne parlerons jamais assez de l’affabilité du cœur de cette chère Bonne-Maman ; mais il nous a été donné, et surtout à ceux qui nous ont précédés, de connaître aussi la remarquable fermeté qu’elle savait montrer au besoin et qui était en elle un don précieux dans la direction de ses nombreux enfants. Grâce à l’ascendant de son caractère, elle avait su rester le chef de toute la famille et maintenir son autorité sur ses fils, autorité consacrée par la tendresse et la vénération, mais acquise par une fermeté juste et discrète. — À la Havane, un de ses terribles garçons avait été cause de la mort de la poule d’une négresse ; elle fit attacher la bête morte au cou de l’enfant qui dut ainsi porter son châtiment aux yeux de tous. Thomas, enfant, menaçait de se jeter dans le puits à toute punition ; elle le fit attacher par une corde et plonger trois fois dans ce même puits ; il ne fut plus question de la menace. Ainsi, elle était très ferme à l’occasion et