CHÂLON À SALABERT
Mon cher frère et ami,
J’ai à peine le temps de répondre à votre lettre que je viens de recevoir.
Nous avons tous été, mon cher Salabert, on ne peut plus sensibles aux marques d’attachement que vous nous témoignez, et nous vous prions de croire que nous avons pour vous le même intérêt que doit avoir un frère, un père, une mère, une sœur et un cousin. Papa vous envoie dix gourdes[1] dans la lettre de Solange ; il y joint aussi une gazette. Je me suis déjà acquitté d’une partie de vos commissions. Il n’y a rien de nouveau en ville, si ce n’est qu’on parle beaucoup de paix.
Toute votre famille vous souhaite santé, prospérité, et moi encore plus ardemment, si c’est possible.
Adieu, mon très cher frère ; croyez-moi, je vous prie, de vos amis le plus fidèle.
JOSEPH CHAUVITEAU À SON FILS SALABERT
Mon cher Salabert, je vous ai écrit il y a huit jours. Je vous parlais de notre malheureuse position, surtout après s’être flatté, comme nous avons fait, de la paix que nous regardions comme certaine. Il paraît à présent que voilà la guerre allumée plus que jamais ! Voyez, mon cher
- ↑ La gourde valait environ 5 francs.