au Cannet. Il barbotterait là tout à son aise, grandirait à la diable, reprendrait des forces. C’était la santé pour lui, mais c’était aussi l’exil. Il aimait déjà Paris, sa place de la Bastille, avec le gros éléphant aujourd’hui démoli. Quand il traversait la place Royale, il s’arrêtait sous le balcon de Victor Hugo ; il regardait les fils du poète qui passaient, allant tout près de là, au collège Charlemagne. Il fallait donc quitter tout cela ? Arrivé au bord de la Méditerranée, celui qu’on appelait le petit Parisien se mit à vivre en plein air de la vie des petits Niçards. Il patoisait, courait après les chaises de poste, se baignait dans la mer, humait l’air de ce pays où le feu en hiver était inconnu, où l’on jetait dans la cheminée quelques pommes de pin à peine, et se trouvait maître en ce pays où une seule villa était alors construite, celle de lord Brougham.
Une année ainsi passa, très vite. Sardou revient à Paris. Il loge rue Garancière et le son des cloches de Saint-Sulpice a bercé ses rêves d’enfance. Peut-être a-t-il réentendu leurs lointaines voix lorsqu’il a, dans Patrie, mis en scène l’admirable épisode du carillonneur Jonas. Son père donnait alors, chez lui, des répé-