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Page:Collectif - La Vérité sur le différend sino-japonais, 1915.pdf/21

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Pendant ce temps L’Univers de Tokio (3 avril 1915) dans un long article critique amèrement « l’opinion anglaise hostile » et qui « semble vouloir s’opposer aux exigences japonaises en Chine ». « Les Anglais oublient que le Japon, par son alliance, leur a rendu de signalés services, contre la Russie en 1905, et dans la guerre Européenne actuelle en leur assurant la sécurité dans leurs colonies du Pacifique et d’Extrême-Orient. » « Si le Japon s’est allié avec l’Angleterre, ce fut dans le but d’établir la prépondérance des Japonais en Chine avec l’appui de l’Angleterre et contre les empiètements de la Russie. » « À l’heure actuelle les Anglais semblent négliger leurs obligations vis-à-vis du Japon, en ne soutenant pas sa cause ! » « Que l’Angleterre y prenne garde ; le Japon ne tolérera aucune faiblesse de sa part, quitte à abandonner l’Alliance anglo-japonaise et à se retourner vers la Russie, puissance avec laquelle il peut s’entendre parfaitement sur les intérêts extrêmes-asiatiques et même dans l’avenir, se rapprocher de l’Allemagne (sic). » Les colonies anglaises seront alors en grand péril ! », etc… etc.

Le docteur Morrison, à Pékin, avait sérieusement averti le gouvernement anglais :

« Il est indéniablement établi que les différentes demandes du Japon, telles qu’elles ont été formulées à la Chine, sont incompatibles avec les principes de la porte ouverte et de l’égalité de commerce (equal opportunity), et en outre empiètent sur les intérêts britanniques !… » (Times, 6 avril 1915.)

Ainsi les plans japonais sont complètement dévoilés, et s’étalent au grand jour.

L’opinion publique en Europe, aux États-Unis, sent le malaise qui la gagne, mais elle n’y peut rien. Tandis qu’en Europe l’heure est grave, le droit, l’honneur, la justice sont en jeu ; là bas en Extrême-Asie, ces principes sont sur le point d’être foulés aux pieds par le Japon !

Notre gouvernement voudrait faire appel à la médiation, sinon à l’arbitrage, des grandes Puissances qui sont liées avec le Japon : l’Angleterre, les États-Unis, la France et la Russie. Mais les Chancelleries répondront-elles à son appel ? Nous cédons sur les points économiques des demandes japonaises, mais nous ne pouvons pas sans perdre notre dignité nationale, consentir à nous mettre sous la tutelle japonaise, comme cela, de plein gré ! Ce serait la révolution immédiate dans notre pays, où le peuple ne consentirait jamais à ce déshonneur !

Après plus de vingt-cinq conférences tenues à Pékin sur ces pourparlers[1], le Japon, pour satisfaire l’opinion étrangère, fit le 26 avril dernier de soi disant nouvelles propositions qui, en réalité, sous une forme extérieure un peu différente, avaient exactement le même but et les mêmes résultats.

  1. Le Japon et certaine presse nous ont fait griefs de discuter et de défendre nos intérêts, comme cherchant à occasionner des difficultés en Extrême-Orient ?