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Page:Collectif - La Vérité sur le différend sino-japonais, 1915.pdf/22

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Tokio déclara que la Chine faisait des « contre-propositions » (1er mai 1915) ! Ces contre-propositions n’étaient autres que la continuité des discussions établies auparavant. Tokio prétendit que la Chine était intraitable et qu’elle exigeait (Londres, 6 mai) :

« 1° L’insertion au protocole des promesses de la restitution absolue de Kiao-Tchéou.

« 2° La promesse du Japon de verser des indemnités pour tous les dommages subis par les Chinois en raison de la guerre.

« 3° La promesse que la Chine participera à la Conférence de la paix après la guerre.

La Chine avait demandé, et à juste titre, dans ses discussions et non en contre-propositions, qu’elle soit représentée aux Conférences qui se tiendraient relativement à la question de Kiao-Tchéou au moment de la Paix et que ses populations, qui ont souffert du fait de guerre entre le Japon et l’Allemagne soient indemnisées. (Le Japon n’avait-il pas réclamé, avec raison, des indemnités pour ses sujets lésés lors de la révolution Chinoise en 1911 ? il lui fut du reste donné entière satisfaction par notre gouvernement).

Nous ne voyons pas quelles récriminations on peut soulever contre ces justes demandes, car en droit Kiao-Tchéou est un territoire chinois et non une colonie allemande ; en outre, nos populations ont déjà assez souffert et pâti de la guerre russo-japonaise, alors que deux puissances ennemies se déchiraient sur notre territoire, que nos villages, nos villes, étaient saccagés, pillés, brûlés ; nos populations, chassées, violées, tuées, etc… Nous qui n’avions rien à voir dans cette lutte ! qu’il en fût de même dans le conflit de Kiao-Tchéou ! Il semble qu’en toute justice, nous ayons bien le droit à une voix en réclamation de ces préjudices causés à notre souveraineté et à notre neutralité ! ?

Le gouvernement de Pékin fit savoir (6 mai 1915) qu’il ne pouvait faire d’autres concessions, qu’il avait montré la plus parfaite conciliation et accepté le maximum des exigences japonaises ; qu’il lui était difficile de faire plus sans porter atteinte à sa souveraineté et à sa dignité, et qu’il ne pouvait aliéner ainsi une partie des droits inviolables de son peuple sans entraîner un gros mouvement de colère de ce dernier. C’est ce que le Japon a appelé « un refus catégorique » ; que « la Chine était intraitable » ; qu’« elle faisait des contre-propositions inacceptables » !

Le 7 mai (à 3 heures de l’après-midi) le Japon brusque les choses. Le docteur Hioki, Ministre du Japon à Pékin, remet un Ultimatum au gouvernement chinois : qu’il ait à céder et à accepter les exigences japonaises en bloc. 48 heures lui sont accordées pour décider de son sort et que le 9 Mai 1915 à 6 heures du soir selon la réponse négative ou positive il y aurait « casus belli » ou non !

Il y eût 48 heures d’émotion en Europe et en Amérique, mais personne ne disait rien, on ne savait si les chancelleries étrangères interviendraient auprès des gouvernements chinois et japonais !

Une seule voix ! une voix française, au nom de tous les républicains de cette nation, osa manifester, et crier bien haut dans un bel article, toute son indignation devant l’attitude japonaise.