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III


Service de l’électricité.

Lausanne revendique l’honneur d’avoir été la première ville d’Europe qui possède une station électrique éclairant des abonnés au moyen de lampes à incandescence.

En 1882 se fondait la Société suisse d’électricité, qui fit installer des dynamos Edison alimentées par turbines mues par l’eau du lac de Bret. Le courant était canalisé en partie par fils aériens passant sur les toits des maisons, en partie par câbles sous plomb fixés le long des murs et sur les corniches. Malgré les difficultés inhérentes à une exploitation de nature toute nouvelle, cette Société parvint à se créer une clientèle et à pourvoir à l’alimentation d’environ 2000 lampes à incandescence.

En 1894 se fonda la Société des tramways lausannois, qui établit un réseau urbain complet exploité à l’électricité. Le courant était fourni par trois moteurs à gaz mixte Crossley, d’une puissance de 140 chevaux chacun et par une batterie d’accumulateurs. Cette usine, placée à Couvaloup, construite et exploitée par la Société des tramways, fut en son temps citée comme modèle et contribua pour une bonne part à mettre momentanément à la mode l’emploi de moteurs à gaz de grande puissance pour produire de l’électricité.

Les autorités communales cherchèrent dès 1894 à doter la ville d’une quantité d’énergie électrique suffisante pour les besoins actuels et futurs et étudièrent les diverses solutions possibles. Elles s’arrêtèrent, en décembre 1898, à l’achat d’une concession hydraulique à Saint-Maurice, en Valais, utilisant les rapides du Rhône et permettant d’obtenir une chute de 36m45 à 38m75 suivant la saison. Le débit du fleuve varie, en cet endroit, entre 18 et 975 mètres cubes par seconde, le premier de ces chiffres n’ayant été observé que pendant deux jours en dix ans et la moyenne des débits minima étant de 32,5 mètres cubes.

Les calculs pour la production de l’énergie ont été basés sur un débit de 40 mètres cubes, produisant environ 15 000 chevaux sur l’arbre des turbines, puissance disponible pendant plus de neuf mois par an. Le canal de dérivation fut donc exécuté pour le débit ci-dessus, tandis qu’on se borna à installer cinq groupes hydro-électriques de 1000 chevaux chacun, de nouveaux groupes devant être ajoutés aux premiers lorsque le besoin s’en ferait sentir. L’énergie électrique est produite en courant continu à intensité constante et transportée sous cette forme par câbles aériens portés sur des poteaux de bois jusqu’à Lausanne (distance 56 kilomètres).

La production de 5000 chevaux correspond à une tension de 22 000 volts au départ de Saint-Maurice.

Sur le terrain de Pierre-de-Plan, et dominant la ville de toute la hauteur de sa cheminée, fut établie une seconde usine destinée à transformer et à régler