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LAUSANNE À TRAVERS LES ÂGES

Lausanne pour s’interposer entre Berne, le duc de Savoie et l’évêque, protestèrent contre les procédés de LL. EE. Nægueli allégua qu’il n’avait pas de pouvoirs pour traiter, que des commissaires arriveraient bientôt de Berne, qu’en attendant il avait reçu l’ordre de se mettre en lieu et place de l’évêque pour tout ce qui concernait le temporel, et que, quant au spirituel, il s’engageait à protéger également les deux cultes.

Les Réformés, — car il y en avait déjà à Lausanne avant l’arrivée des Bernois, — s’empressèrent de demander au Deux-Cents de Lausanne qu’il leur soit permis de faire profession ouverte de leur religion. Le 4 avril, après maintes récriminations sur les excès des Réformés, le Deux-Cents décida de mettre à leur disposition l’église des Dominicains de la Madeleine.


VIII

Dispute de Lausanne.

La conséquence de la conquête bernoise fut l’établissement définitif de la Réforme. Tandis que Farel parcourait le Chablais, Viret prêchait dans le Pays de Vaud. Charles-Quint et François Ier guerroyaient alors au sud des Alpes. À la faveur de ces rivalités princières, les Bernois organisent leur conquête et font servir la Réforme à leurs vues ambitieuses. Les Vaudois, peu portés aux nouveautés, mais d’un caractère malléable, acceptèrent de bonne grâce les conceptions théologiques qui leur furent enseignées.

Pour accréditer la nouvelle foi, les Bernois annoncèrent l’intention d’organiser, suivant l’usage du temps, une dispute religieuse et publique dans la cathédrale de Lausanne. Charles-Quint, promptement informé de leur projet, envoya aux Bourgmestre, Conseils et bourgeois, avant que l’édit fût publié, la lettre, dont nous avons donné plus haut le texte, afin de les engager à s’opposer à cette dispute. Les Conseils, se sentant appuyés par l’empereur, résolurent :

1o De continuer à vivre en bons catholiques, en attendant la convocation du concile général annoncé ;

2o De refuser de devenir les sujets d’une ville étrangère et de rejeter le mode de vivre que Berne voulait lui imposer, sans même l’avoir proposé aux trois États de Lausanne.

Les plus grands honneurs furent rendus à Berne aux députés lausannois chargés de présenter ces résolutions, mais on ne leur donna aucune réponse précise : la question devait faire l’objet d’un message spécial, qui ne tarderait pas à être porté à la connaissance des Messieurs de Lausanne. En effet, le 16 juillet, parut un édit fixant au 1er  octobre la dispute de religion.

La cathédrale fut choisie pour ce colloque, qui attira une foule nombreuse. La dispute dura six jours. Tout avait été organisé de manière à impressionner les auditeurs. Les autels, les images et les statues avaient été voilés. Les commissaires bernois : J.-J. de Watteville, Diesbach, Schleif, Hubelmann et le bailli de