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LE NAIN DE BEAUVOISINE.

pèce de poussière visible, que les rayons mourans du soleil faisaient étinceler dans l’atmosphère, et c’est là-dedans que je voyais nager mes ombres aimées, parmi les pigeons blancs et bleus qu’il ne tenait qu’à mon cœur de prendre pour ceux de La Fontaine, et leur prêter des poèmes de tendresse. Ciel ! qu’il y a de bonheur dans le malheur ! dans celui où peut percer encore un rayon d’espoir pur, un souvenir candide ! Quel reflet d’or ! Je me sentais couler à genoux pour en remercier Dieu, mon père ou ma mère, ou quelque âme tendre qui versait un tel bien-être en moi, ou quelque ange bienfaisant qui cachait sous son aile étendue, ce mot de bronze, irrévocable ! Les toits, les oiseaux, le monde, étaient couleur du ciel, couleur d’amour !

Et tout cela me fut ôté par une sourde rumeur d’en bas, une clameur de voix rauque et gâchée, un grommellement à hauteur de pavé qui fit redescendre mon âme