Aller au contenu

Page:Collectif - Le Conteur, 1833.pdf/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
LE NAIN DE BEAUVOISINE.

mortel sur la terre, ne pouvais-tu verser un peu de cette immense charité, de cette humanité profonde, de cette passion de justice et de pitié qui te rend plus beau que l’homme connu, sur cette grossière ébauche, ce bloc abandonné, où la nature dégoûtée n’avait pu se résoudre à souffler une âme !

Ces idées passaient comme l’éclair dans mon étonnement et ma peur ; car j’en ressentais à descendre au milieu de ces deux êtres étranges. La rue n’en était pas surprise. Cette moitié d’homme en est comme un fragment ; il y est né, il y rampe, il y demeure, il y est époux et père, il y effraie les étrangers, il y consume sa force prodigieuse à frapper sa femme et sa fille ; et il y vend des cerises.

Je remontai involontairement devant cette double apparition, que la tombée de la nuit faisait ressembler davantage à un mauvais songe. J’étais saisie de compassion pour la pauvre victime qui ne faisait que