Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/343

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une perle cachée en province, fort heureusement pour nos femmes de Paris, car elle leur enleverait facilement leur grande réputation de beauté dont elles sont si fières. Ernest, vous êtes romanesque et sensible, eh bien ! figurez-vous que vous allez vous trouver parfaitement en rapport avec cette charmante Emma, car non seulement sa figure est gracieuse, spirituelle, mais elle est empreinte aussi d’une douceur et d’une sensibilité qui donnent seules du charme à la beauté ; sa voix, dont le timbre est pure et argentin comme celui d’un enfant, est une séduction nouvelle. Nous avons parlé littérature, musique ; elle est fort instruite, je vous assure, et possède même, à ce qu’il paraît, des talens remarquables. Aussi, madame, me suis-je hâté de faire monter votre harpe chez elle, car depuis long-temps vous ne vous en servez plus.»

Pendant que son mari parlait, la figure si calme et si belle de madame de Servière s’était contractée, elle avait pâli et rougi de colère, et, malgré elle, ses yeux s’étaient tournés vers Ernest, qui semblait écouter avec intérêt ce que venait de dire son ami. M. de Servière reprit :

« — Je lui ai parlé de vous, Ernest, je lui ai dit que vous étiez fou de musique, et que, quand elle serait bien reposée, nous passerions quelques soirées à nous en occuper.