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Page:Collectif - Miss Edith Cavell. Eugène Jacquet, 1916.pdf/21

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mais de force défaillante, accepte de devenir un bourreau !

Ah ! certes, bien d’autres femmes ont péri, dans les cités de l’infortunée Belgique, dans nos pauvres régions du Nord, dans la malheureuse Serbie ! Ce n’est pas dédaigner leur martyre au bénéfice d’un seul que de glorifier nominalement Edith Cavell ; c’est qu’une circonstance la fait représentative de toutes ces ignorées, de toutes ces inconnues.

Les nécessités de la guerre ont créé un type féminin nouveau : l’Infirmière. En quelque pays que ce soit, l’imagination des foules s’en est emparé, les artistes l’ont popularisé, la légende l’a ennobli. Son voile semble quelque chose d’intangible, de presque sacré…

Nos ennemis ne l’ont pas compris. Mauvais psychologues, ils ont — les imprudents ! — atteint, en miss Cavell, la Femme et l’Infirmière. Ils n’ont pas discerné quelle défaite morale ils s’infligeaient à eux-mêmes, et demeurent étonnés, presque scandalisés, devant la réprobation universelle.

D’autant que, digne de soi-même jusqu’au bout, elle est tombée en pardonnant, anxieuse, encore à cette minute, d’atteindre aux vérités supérieures, à l’équité qui dépasse le moment éphémère : « Ce que je tiens à dire, me trouvant en présence de Dieu et de l’éternité, c’est que le patriotisme ne suffit pas, Je ne dois avoir ni de haine ni d’amertume envers personne. »

Tel est son legs. Telle est sa foi. Tel est son dernier enseignement.


Ah ! qu’il soit accepté, qu’il soit suivi, qu’il soit obéi !

Pas de haine autour d’Edith Cavell ! Ne parons