Je ne sais pas un mois d’avance où je serai, |
J’ai relu cette pièce cinq ou six fois. J’ai essayé de me monter l’esprit au diapason voulu pour admirer ; j’ai creusé chacune de ses expressions, je me suis fendu la tête pour découvrir ce que le poète voulait dire. Eh bien, je crois avoir à peu près réussi, mais je ne vous conseille pas le même travail, vrai, c’est fatigant.
D’abord la naïveté.
Je suis haï. Pourquoi ? Parce que je défends
Les faibles, les vaincus, les petits, les enfants.
Ce qu’il défend, ce sont les incendiaires de la commune, les assassins des Otages, Garibaldi, et les Nihilistes.
Je suis calomnié, Pourquoi ? Parce que j’aime
Les bouches sans venin ; les cœurs sans stratagème
Ceux qu’il aime, ce sont les pétroleuses, les forçats, les prostituées. Vraiment, il est naïf, le poète ou bien il a l’ironie bien noire. Mais enfin, cela est écrit en vers ; c’est beau, si vous voulez, comme poésie ; c’est bête, mais c’est beau, Allons plus loin.
Je vois en moi l’erreur tomber et le jour croître,
Rien de fermé. Le ciel ouvert. L’étoile à nu.
L’idole disparaît, Dieu vient. C’est l’inconnu
Mais le certain.
Y êtes vous ? L’erreur tombe et le jour croît.
L’erreur c’est la nuit, sans doute, comprenez-vous ? Bien de fermé. Le ciel ouvert. Naturellement si rien n’est fermé, le ciel est ouvert, et le poète y voit clair comme le jour. Et qu’est-ce qu’il y voit ? L’inconnu, mais le certain. Mais alors, si l’inconnu est le certain, le certain est inconnu ; le certain est incertain, n’est-ce pas ? Comme c’est beau la poésie de Victor Hugo, quand il veut s’en donner la peine !