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Page:Collectif - Revue canadienne, Tome 2 Vol 18, 1882.djvu/190

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que des cadences disparaissent pour faire place à des artifices ingénieux et compliqués, à la reproduction, par des voix différentes et à intervalles inégaux, d’un ou plusieurs thèmes ou sujets, le morceau appartient alors au genre canonique ou fugué. Telles sont les fugues de l’admirable J. S. Bach ainsi que plusieurs de ses préludes, toccates et chorals variés[1].

Les éditions récentes des pièces d’orgue appartenant à la première catégorie ne laissent généralement aucun doute sur la manière de les phraser. Distinctions, incises, séries de notes coulées, détachées, ou portées, etc., tout facilite une interprétation intelligente. Pour produire les distinctions désirées, l’exécutant n’aura qu’à grouper, à la manière du coup d’archet, les différents passages reliés par autant de lignes courbes en abrégeant quelque peu la dernière note du groupe par un simple déplacement de main.

Comme les signes du phraser pourraient jeter de la confusion dans cet ensemble de mélodies simultanées et sans coïncidence de ponctuation qu’on appelle une fugue, l’exécutant devra tout d’abord analyser soigneusement la marche de chacune des parties, le moment précis de la rentrée du sujet et du contre-sujet, où commencent et se terminent les imitations, fragments d’imitation, épisodes, etc.

Il ne devra pas hésiter, même en l’absence de tout signe de ponctuation, à diviser, par de courts silences, certains passages et groupes rythmiques ; à abréger, du quart et parfois de la moitié de leur durée apparente, certaines notes de terminaison souvent représentées par une valeur plus grande qu’elle ne doivent être exécutées.

Afin de ne pas nuire à la clarté de l’exécution, il devra préférer un mouvement modéré ; faire choix de registres

  1. Les deux formes métrique et fuguée ont donné naissance à un genre mixte dans lequel on retrouve la grâce, la distinction mélodique, l’ordonnance des périodes en même temps que les combinaisons d’un élégant contre-point, en d’autres termes : l’esprit de la fugue sans la rigueur de sa contexture.

    Les organistes trouveront nombre de pièces de ce genre de tous les styles et degrés de difficulté parmi les œuvres de Rink, Hesse, Lemmens, André Kumsled, Fisher, Guilmant, Franck, Smart, Best, Berthold-Tours, Calkin ; dans les concertos de Haendel, les six sonates de Mendelson, etc.

    Aux organistes disposant d’un instrument sans pédalier ou de peu de ressources mécaniques, nous recommanderons un choix des compositions de Lefebvre-Wely, Battiste, Gueït, Moncouteau, Boëly, Hellé, Louis Mourlan, ainsi que « l’Organiste Pratique » d’Alex. Guilmant (régistration de S. Warren, et publié par Schirmer, New-York), recueils de différents morceaux appropriés à toutes les parties de l’office divin.