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plique par la façon qu’on avait en ce temps-là de raccommoder en mettant les pièces les unes sur les autres. La chemise finissait ainsi par devenir d’une épaisseur extraordinaire.

Quand on porte des lunettes,
On n’est pas longtemps à faire des allumettes...

c’est-à-dire on ne vivra plus guère.

Bieuté seins bointé,
C’est eun’ leumière seins clarté.

A. Bout.


TRADITIONS ET SUPERSTITIONS DE LA HAUTE BRETAGNE


LXXIX


LA VENGEANCE DU CRAPAUD


Hier nous étions, comme très souvent, à travailler dehors, sous les arbres, quand le domestique est venu nous chercher pour voir quelque chose d’horrible, d’épouvantable... Nous nous sommes précipitées pour nous trouver en face d’un . . crapaud, de belle venue, j’en conviens, mais enfin d’un vulgaire crapaud !... Ma fille a ces bêtes en horreur et s’est sauvée, mais le domestique, qui est un solide gaillard ayant fait son service militaire, avait réellement frayeur. Je l’ai raisonné et il m’a conté qu’à Trébédan deux hommes fauchaient dans un pré ; la faulx de l’un d’eux coupe la patte d’un crapaud qui villégiaturait dans l’herbe; l’autre, appelé pour voir le désastre, s’écria : « La pauvre bête ! il faut la tuer, elle souffre trop. » — « Non, répond celui qui avait blessé l’animal, laisse-le donc. Nous le retrouverons l’année prochaine et nous lui couperons son autre patte. » L’année s’écoula, comme elles le font toutes, en joie pour les uns, en douleur pour les autres, en souffrance pour le pauvre crapaud estropié et aussi en convalescence, car, lorsque les deux faucheurs revinrent dans le pré, il s’y trouvait également. A l’heure du midi, tous deux se couchèrent et l’homme cruel s’endormit, l’autre resta son*