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Page:Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions, et romans cabalistiques, tome 29, 1788.djvu/163

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de Campagne.

ment qu’il alloit la quitter. Il l’aſſura qu’il la reviendroit voir le lendemain ; & nous partîmes, après avoir aſſez pris de ce plaiſir pour n’y revenir de notre vie : car, comme vous ſavez, madame, le peu de momens où le ridicule réjouit, eſt ſuivi d’un extrême ennui, quand on continue d’en être témoins. Nous nous retrouvâmes mieux à Sélincourt, après cette promenade. Que nous y fûmes bien pendant quelques jours ! & que les fureurs d’amour du vieux duc vinrent mal-à-propos troubler un ſi doux calme ! Il eſt vrai qu’elles ſont bonnes à quelque choſe ; & que ſi je n’avois plus à vous apprendre que des félicités, le reſte de mon voyage vous paroîtroit bien fade. Tandis que nous étions dans cette intelligence, dont je viens de vous parler, & que le duc n’en étoit encore qu’à découvrir s’il y avoit quelque myſtère entre le marquis & moi, nous cherchions tous les jours des promenades nouvelles & des plaiſirs nouveaux, pour diverſifier nos plaiſirs. J’ai toujours aimé les ruiſſeaux : on nous dit qu’il y en avoit un à un quart de lieue de chez Sélincourt, le plus joli du monde, & dont la ſource, qui ſortoit d’un rocher, étoit couverte de grands arbres. On réſolut d’y aller le lendemain ; on trouva les branches de ces arbres courbées en berceau, & entou-

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